« Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur » (Jn 14, 15-21) Alléluia. Alléluia.Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui. Alléluia (Jn 14, 23)
Les textes de ce sixième dimanche de Pâques nous profilent déjà à l’horizon la fête de la Pentecôte. Jésus annonce à ses disciples qu’il disparaîtra physiquement de la vue du monde. Mais eux, ils le verront. L’Esprit qui vient, et qui est déjà en eux, le rendra visible à leur regard de foi ; il le manifestera à eux, il les animera de sa force et les impulsera pour qu’ils puissent témoigner de lui. Ceci me conduit à axer la médiation du jour sur le thème du chrétien et la vie de foi.
Ce qui nous caractérise en tant que chrétiens, c’est notre foi en Jésus. Cette vertu théologale est une disposition spirituelle qui nous fait accueillir la parole de Dieu et nous attacher à elle de sorte que notre vie soit imprégnée de la grâce qu’elle contient. Par le truchement de la foi, nous entrons dans le cercle de vie divine dont l’amour est l’expression et la substance. En effet, pour les chrétiens que nous sommes, Dieu est l’objet de notre amour et de nos délices. Cependant, l’amour dont il est question ici n’est pas du type sentimental où les émotions égoïstes sont au premier plan. Un tel amour, celui qui nous caractérise le plus souvent, met en pointe le ressenti si bien s’apparente souvent à du « je me sens bien avec toi ». L’amour que la foi nous réclame, s’il ne se désolidarise pas des émotions, travaille au bien-être des hommes, il est altruiste et gratuit. Il se donne, il est don et investissement de soi de sorte que ni l’offense, ni les souffrances, ni les difficultés ne peuvent éteindre sa flamme ; elles concourent plutôt à l’attiser. C’est ce genre d’amour qui soulève le monde et le transforme parce qu’il est divin. Notre Dieu est amour et ses œuvres, selon le psaume du jour, portent le disciple à le célébrer et à le glorifier. Les œuvres de Dieu sont les signes de son amour. Il doit en être ainsi des nôtres.
Si donc la foi nous fait entrer le mystère de vie divine, l’amour est ce qui nous y fait demeurer et nous y épanouir. On ne peut rien construire de durable dans la foi sans amour. Il est le dynamisme puissant qui nous fait nous conduire selon la vérité (l’Esprit).
Le témoignage du diacre Philippe dans la première lecture nous montre que le monde croit par des signes. Les signes sont l’oeuvre de Dieu qui transparaît à travers la vie des croyants. L’Église est appelée à devenir le signe divin qui conduit les hommes à la foi. Or, l’Eglise c’est la communauté des croyants, c’est chacun d’entre-nous. Ainsi, la foi de chaque croyant, pierre vivante de l’Eglise, doit pouvoir manifester la foi de l’Eglise par la parole et par les signes dans sa vie.
La parole témoigne du Christ et le rend présent, mais les signes sont tout aussi éloquents. La mission de notre Seigneur a été Parole et signes. Pour les premiers disciples aussi, Parole et signes ont été les deux faces de la médaille de la foi. Par eux, ils se sont convaincus, par eux, ils ont convaincu et attiré ceux qui les entendaient et les voyaient vivre à rencontrer et trouver le Christ qui est la vie. Nos communautés de foi aujourd’hui devraient porter cette même estampille. Il y a tant de paralysies et d’infirmités à guérir dans notre monde pour qu’il soit libéré et plus épanoui. Soyons pour lui des Philippe à la suite de Jésus, c’est-à-dire des bouches qui annoncent, des mains qui soulagent et des cœurs qui aiment.
Pierre dans la seconde lecture nous dit comment cela doit se refléter concrètement dans notre vie. C’est par la conformation de nos paroles à nos actes, de notre foi à notre vie. La vérité que nous professons en Jésus-Christ nous invite à développer une conscience droite, de manière à persévérer dans le bien. C’est le signe éloquent que l’Esprit travaille en nous.